La radiodiffusion est le moyen accessible et fiable pour diffuser des informations. Les citoyens burundais ont le droit d’accéder librement à cet outil essentiel, un des sources de développement des peuples. La gestion du spectre des fréquences est préalablement consignée dans le document de réglementation internationale. Un logiciel relatif au tableau d’attribution des bandes de fréquences qui permet d’utiliser, d’interroger et d’analyser électroniquement le tableau en question et qui n’a pas besoin des connexions réseaux ou Internet est disponible pour faciliter le travail du régulateur.
C’est pourquoi le pouvoir public, le régulateur et les fournisseurs de services burundais ont l’immense responsabilité de tirer parti le meilleur de la disponibilité d’une radiodiffusion qui garantit des services de qualité pour les consommateurs de l’information. Pour plus d’éclaircissements sur certaines zones d’ombre dû à l’incompréhension du fonctionnement des ondes radios, TIC-Actualité a invité sur ses plateaux, le régulateur des télécommunications, Dr. Samuel Muhizi, afin d’éclairer l’opinion. Suivez l’intégralité de son interview qu’il nous a accordée, le samedi 16 novembre à Bujumbura.
TIC-Actualité : Monsieur Dr. Samuel Muhizi, vous êtes régulateur des télécommunications, qu’est-ce que les gens doivent comprendre de ce que vous faites concrètement lors de la régulation et le contrôle de la radiodiffusion ?
Dr. Samuel Muhizi :
Les fréquences radioélectriques sont les ressources de base dans la radiocommunication car elles permettent la transmission des signaux audio, vidéo et de données à travers l’air, facilitant ainsi la communication sur de longues distances. Elles permettent à plusieurs stations d’émettre simultanément sans interférences, soutiennent les réseaux de téléphonie mobile et les services de radiodiffusion, et autres transmissions sans fil sont cruciales pour les communications d’urgence.
Parmi les grandes misions de régulation des télécommunications figure la gestion et le contrôle de l’entièreté des bandes de fréquences radioélectriques. Nous devons garantir à l’ensemble des utilisateurs du spectre, les meilleures conditions d’exploitation des fréquences en minimisant les risques de brouillage et en disponibilisant le spectre à accorder pour chaque utilisation.
Concrètement dans la régulation et contrôle de la radiodiffusion, nous assurons l’octroi des fréquences nécessaires aux radiodiffuseurs et leurs assignons un cahier de charges techniques, faisons respecter la réglementation en vigueur en matière d’utilisation des fréquences FM, assurons le suivi de la coordination des activités nationales et internationales en matière de planification des bandes de fréquences. Nous contrôlons également l’utilisation du spectre tout en luttant contre les fraudes dans l’utilisation, et assurons la notification à l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) des fréquences octroyées pour faciliter la coordonner de l’utilisation des fréquences aux frontières avec les pays voisins. Ces fonctions garantissent une gestion efficace et réglementée des ressources radioélectriques, favorisant un environnement de communication stable et sécurisé.
TIC-Actualité : Est-ce que le pays a des ressources suffisantes en termes de fréquences qui permettent le fonctionnement de la radiodiffusion ?
Dr. Samuel Muhizi :
La disponibilité des ressources en fréquences pour la radiodiffusion dans un pays dépend de plusieurs facteurs, notamment la planification efficace du spectre, qui doit garantir que les fréquences nécessaires sont accessibles et bien utilisées. La croissance des services de radiodiffusion, y compris la radio numérique et la télévision, peut créer une pression sur ces ressources, rendant essentielle une évaluation régulière de l’offre par rapport à la demande.
Actuellement, la gestion des Fréquences se fait conformément au Tableau National des Fréquences, la planification des sites d’émissions de radiodiffusion et en fonction de la technologie utilisée par les radiodiffuseurs.
TIC-Actualité : Quels sont les éléments qui constituent le dossier technique permettant à un opérateur d’obtenir la licence d’exploitation de la radiodiffusion ?
Dr. Samuel Muhizi :
Conformément à l’article 16 du Décret No. 100/97 du 18 avril 2014 portant fixation des conditions d’exploitation du secteur des communications électroniques, en plus de l’Autorisation délivrée par le Conseil National de Communication “CNC”, le demandeur d’autorisation d’exploitation de la radiodiffusion sonore doit fournir à l’ARCT les informations suivantes : les moyens techniques et financiers que le demandeur compte utiliser ; la nature et la composition probable du programme d’émission ; Les principaux collaborateurs ; l’endroit où sera installé le poste émetteur ; la marque et le type de l’émetteur ; l’horaire d’émission proposé ; la catégorie pour laquelle la demande est introduite ; les spécifications techniques de l’émetteur ; la puissance maximale de l’émetteur ; la zone de couverture.
TIC-Actualité : Les pays africains ont depuis 2019 identifié de nouvelles fréquences entre 87.5 MHz et 108 MHz afin d’étendre les services de radiodiffusion en modulation de fréquence (MF) à travers le continent. Le Burundi tire-t-il déjà le meilleur de ces nouvelles fréquences ?
Dr. Samuel Muhizi : Le travail a effectivement eu lieu pendant deux ans (2019-2021) dans le cadre du projet d’optimisation du plan GE84 pour l’Afrique, coordonné conjointement par l’UIT et l’Union africaine des télécommunications (UAT).
À l’issue du projet d’optimisation du plan GE84 pour l’Afrique, coordonné conjointement par l’UIT et l’UAT qui s’est clôturé en février 2021, le Burundi s’est vu acquérir d’environ 30 nouvelles fréquences additionnelles dans la bande FM, ce qui a permis à toutes les provinces du pays (18 provinces) d’en bénéficier au moins deux ou une fréquence dans le plan d’attribution de cette bande.
Depuis lors, de nouvelles assignations ont été facilement accordées aux nouveaux demandeurs de fréquences. Ce qui a d’ailleurs contribué à l’extension des services de la radiodiffusion sonore à l’intérieur du pays.
TIC-Actualité : La gestion du spectre des fréquences est préalablement consignée dans le document de réglementation internationale. Des critères généraux applicables aux canaux assignables, par exemple les niveaux acceptables des signaux brouilleurs. Il est des fois rapporté que dans les zones périphériques du Burundi partageant les frontières avec certains pays, des brouillages font souvent du tort à certaines radios. Qu’est-ce qui se passe au juste ?
Dr. Samuel Muhizi :
Concernant les émissions FM au niveau des frontières, l’absence des stations FM burundaise dans les provinces périphériques contribue énormément à ce que les stations étrangères couvrent facilement certaines zones burundaises. La solution étant de faciliter l’extension des radios Burundais dans ces zones.
Quant au brouillage, si un tel cas est identifié ou notifié, nous procédons immédiatement à l’analyse de la source, la coordination et la résolution ; le plus souvent, le bouillage résulte de l’émission d’un signal inconnu et non autorisé, à la même fréquence que la station brouillée.
Si la source du brouillage est hors frontières du territoire burundais, l’ARCT saisit le régulateur du pays concerné pour en discuter et trouver une solution adéquate.
TIC-Actualité : Les radiodiffuseurs et les régulateurs nationaux des fois se rencontrent afin de mettre l’accent sur différents aspects de la coordination des fréquences notamment sur les mesures qui peuvent être prises par les pays pour éviter les brouillages préjudiciables à mesure que les services MF se développent. Quel est le mécanisme d’organisation de telles rencontres ?
Dr. Samuel Muhizi :
Le mécanisme adopté est celui des ateliers d’échange et ou de partages d’état des lieux de la situation de la radiodiffusion sonore au Burundi.
Parfois, nous organisons des séances de restitution des résultats issus des travaux de contrôle que nous avons pu effectuer et les données collectées aux différentes stations et sites d’émissions.
TIC-Actualité : Une opinion a toujours cherché à comprendre ce qui se passe lorsqu’une radiodiffusion s’est vue retirée la licence d’émission dans un pays donné mais en même temps continue d’émettre dans un autre pays avec le même programme. La confusion autour des fréquences lui attribuées et la licence d’émission est de taille. Essayez d’expliquer ?
Dr. Samuel Muhizi :
Lorsqu’une radio perd sa licence, automatiquement sa fréquence lui est retirée. Chaque pays est souverain dans en matière d’octroi de licence et d’assignation de fréquence. Ainsi, la perte d’une licence d’émission dans un pays n’entraine pas la perte d’une licence d’un autre pays dans lequel la même radio émet. Néanmoins, lors de l’assignation d’une fréquence à une station radio, seuls les accords de coordination des fréquences entre les pays interviennent pour éviter des cas de brouillage préjudiciables. Bref, seule la fréquence est gérée conjointement entre les pays mais la décision d’accueil du nouveau venu (la station qui vient d’un autre pays) avec ses programmes de diffusion reste souveraine.
TIC-Actualité : Il existe un logiciel relatif au Tableau d’attribution des bandes de fréquences qui est une application autonome qui permet d’utiliser, d’interroger et d’analyser électroniquement le Tableau d’attribution des bandes des fréquences et ses renvois associés tels qu’ils figurent dans l’article 5 du Règlement des Radiocommunications. Le régulateur burundais se serait-il déjà acheté ce logiciel ?
Dr. Samuel Muhizi :
Nous ne disposons pas encore de logiciel dédié pour la gestion automatisée du Table d’attribution des bandes de fréquences.
TIC-Actualité : L’Union internationale des télécommunications organise, du 2 au 3 décembre, une exhibition (2ème édition) de la radio de demain. Certainement que le Burundi, membre de l’UIT a été invité pour participer même à un séminaire en plénière sur les radiocommunications prévues aux mêmes dates à Genève. Vous préparez-vous déjà d’y participer ?
Dr. Samuel Muhizi :
Oui, l’ARCT sera représenté à l’évènement.
TIC-Actualité : Merci de votre interview
Dr. Samuel Muhizi : C’est moi qui vous remercie plutôt