Information, analyses et commentaires sur le secteur des technologies de l’information et de la communication

Entretien: Diègue Nifasha sur les moyens à consentir pour faire face à la Cybercriminalité

Mr. Diègue Nifasha, expert/consultant in cyber defence

En bref ::::: In a nutshell

Les moyens de défense contre les crimes du cyberespace sont des outils de prévention, détection, répression, dissuasion et résilience. Ils doivent être implémentés par les Etats pour se protéger. Il s’agit notamment des textes de lois qui qualifient ces crimes, et sur ce point le Burundi a déjà fait des progrès. Mais aussi il faut s'assurer d'un cadre institutionnel dédié et de moyens technologiques appropriés pour les entreprises et les infrastructures critiques. A cela doivent s’ajouter les mécanismes de coopération internationale étant donné la nature même de la cybercriminalité qui peut être perpétrée par des acteurs internationaux du crime organisé.

A l’ère du Tout numérique, la cybercriminalité se pose comme un défi majeur. Elle nécessite une attention particulière sur le plan juridique et réglementaire. Le consultant en cyberdéfense, Diègue Nifasha souligne l’importance d’un cadre juridique solide dans la lutte contre la cybercriminalité et met en évidence les perspectives futures en mettant en lumière les défis à relever et les solutions possibles. Sachant que la cybercriminalité prend diverses formes, elle peut avoir des conséquences néfastes pour les individus, les entreprises et même les Etats. Notre invité réputé en cyberdéfense a donné toute la lumière sur les moyens de défense à consentir pour faire face à ce fléau qui cause des pertes financières des fois inestimables. Suivez son interview qu’il a accordée à TIC-Actualité, le mercredi 18 décembre à Bujumbura.

TIC-Actualité :  La cybercriminalité est un défi majeur dans l’ère du Tout numérique. Les criminels commettent des forfaits en ligne. Ces forfaits prennent diverses formes notamment les attaques informatiques sophistiquées, les fraudes en ligne facilitées par le vol des identifiants des victimes. Quels sont les moyens de défense pour faire face à de tels crimes ?

Dièggue Nifasha :  Les moyens de défense contre les crimes classiques s’appliquent également contre les crimes du cyberespace : des outils de prévention, de détection, de répression, de dissuasion et de résilience doivent être implémentés par les Etats pour se protéger. Il s’agit notamment des textes de lois qui qualifient ces crimes, et sur ce point le Burundi a déjà fait des progrès, mais aussi d’un cadre institutionnel dédié et de moyens technologiques appropriés pour les entreprises et les infrastructures critiques. A cela doivent s’ajouter les mécanismes de coopération internationale étant donné la nature même de la cybercriminalité qui peut être perpétrée par des acteurs internationaux du crime organisé.

TIC-Actualité : La nature de la cybercriminalité est complexe et en perpétuelle évolution. Les cybercriminels exploitent la vulnérabilité des systèmes informatiques, la rapidité des communications en ligne et l’anonymat offert par le cyberespace. Auriez-vous déjà détecté les types de cybercriminalité rencontrés dans le cyberespace burundais ?

Diègue Nifasha : Le Burundi s’est lancé un défi de digitalisation accéléré des services aux citoyens. Les crimes que l’on peut rencontrer dans d’autres pays plus avancés dans ce domaine ne vont donc pas tarder à être une réelle menace pour le Burundi. Toutefois, même aujourd’hui, le cyberspace burundais enregistre déjà plusieurs forfaits qui vont d’usurpations d’identité sur les réseaux sociaux à des intrusions cybercriminelles dans certaines institutions et entreprises en passant par des vols d’identifiants par manipulation des utilisateurs.

TIC-Actualité : Pour faire face à la cybercriminalité, le cadre juridique joue un rôle important. Les lois et réglementations doivent définir les infractions liées à la cybercriminalité. Elles doivent établir aussi des peines appropriées et de mettre en place des procédures de poursuite efficaces. En tant qu’expert en cyberdéfense opérant au Burundi. Croyez-vous qu’un tel cadre existe déjà au Burundi ? Si oui, comment l’appréciez-vous? Si non quoi faire ?

Diègue Nifasha : Le Burundi dispose de la loi N° 1/10 du 16 mars 2022 portant prévention et répression de la cybercriminalité au Burundi. Il s’agit à ce jour du texte principal du cadre juridique pour cette lutte et il contient des dispositions assez dissuasives contre la cybercriminalité. Néanmoins, les textes d’application de ce texte font accord défaut et il s’agit d’un défi énorme pour son application effective.

TIC-Actualité :  Les cybercriminels utilisent des technologies sophistiquées pour commettre des crimes en ligne, mettant en danger la sécurité et la confidentialité des individus, des organisations et même des gouvernements. Aujourd’hui, l’Etat burundais entend exécuter son projet phare de digitalisation des services publics. Quels sont les enjeux et les défis posés par la cybercriminalité à l’ère de la digitalisation ?

Diègue Nifasha : La cybercriminalité est perpétrée avec plusieurs mobiles qui vont du simple défi à des atteintes ciblées d’infrastructures critiques d’un pays. Les enjeux des atteintes aux données à caractère personnel et aux informations classifiées se chiffrent aujourd’hui à plusieurs millions de dollars américains. Le défi posé par la cybercriminalité est directement proportionnel au rôle de la digitalisation dans l’optimisation de la performance socio- économique du pays. Les criminels d’hier sont susceptibles de se réinventer et de s’adapter aux nouveaux modes digitaux de fonctionnement. La menace est donc réelle

TIC-Actualité : La cybercriminalité peut avoir une dimension sociale. Je serais très déçu d’apprendre que parmi les motivations des cybercriminels au Burundi, des facteurs sociaux seraient cités au moment où je considère que beaucoup de Burundais sont des analphabètes numériques ? Qu’en dites-vous ?

Diègue Nifasha : Les Burundais sont loin d’être des analphabètes numériques : dans ses rapports récents, l’ARCT (Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications) indique que plus de 50% de la population ont accès à la téléphonie mobile avec une croissance fulgurante de services financiers digitaux. L’utilisation du numérique est donc bien une réalité pour la plupart des Burundais, et cela vaut également pour les menaces cybercriminels y relatifs comme des escroqueries ou des manipulations malicieuses. Une sensibilisation généralisée contre la cybercriminalité est donc opportune est nécessaire

TIC-Actualité : Merci de votre interview.

Diègue Nifasha : C’est moi qui vous remercie plutôt.