Depuis plus de 60 ans, les relations entre la Chine et le Burundi ont connu un développement soutenu grâce aux efforts conjoints des deux pays, a dit Madame l’Ambassadrice de la république populaire de Chine au Burundi, ZHAO Jiangping lors de l’interview qu’elle a accordée à TIC-Actualité, le jeudi 9 janvier 2025 à Bujumbura. Elle a insisté sur les grands chantiers que son pays exécute au Burundi dans le cadre de la coopération. Elle a largement expliqué aussi la volonté manifeste de la Chine de participer à la promotion de la gouvernance numérique mondiale. Suivez l’intégralité de son interview.
TIC-Actualité : Excellence Madame l’Ambassadrice de la république populaire de Chine au Burundi, pouvez-vous nous parler brièvement des relations de coopération bilatérale qui existent entre le Burundi et la Chine.
Ambassadrice ZHAO Jiangping :
Depuis plus de 60 ans, les relations entre la Chine et le Burundi ont connu un développement soutenu grâce aux efforts conjoints des deux parties, et nos deux peuples sont devenus « amis de tout temps et partenaires tous azimuts ».
En septembre 2024, le président Ndayishimiye a participé au Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC) en conduisant une importante délégation. Au cours de la rencontre fructueuse, les deux Chefs d’Etat ont annoncé l’élévation des relations bilatérales au rang de partenariat stratégique global.
À l’heure actuelle, la coopération et les échanges entre la Chine et le Burundi s’avèrent très dynamiques. Par exemple: En termes d’échanges de haut niveau, le président de la République du Burundi M. Evariste Ndayishimiye, le président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, les ministres des Affaires Etrangères, des Infrastructures, de l’Agriculture, de l’Energie, de l’Intérieur et de l’Education se sont respectivement rendus en Chine. Le Sommet du FOCAC à Beijing et la rencontre entre les deux chefs d’État ont ouvert de nouveaux horizons pour les relations sino-burundaises.
TIC-Actualité : Comment évaluez-vous le niveau de coopération entre le Burundi et la Chine et quels sont les grands chantiers que la Chine est en train d’exécuter au Burundi ?
ZHAO Jiangping :
A partir de cette année, les parties continuent à mettre en exécution les « Dix actions de partenariat sino-africain pour la promotion conjointe de la modernisation » lancés par le président chinois au cours du Sommet du FOCAC.
Dans le domaine des infrastructures, les travaux de réhabilitation, d’extension et de modernisation de l’aéroport de Bujumbura ont officiellement démarré, et la lettre d’échange d’un nouveau bâtiment du MAECD a été signée.
Dans les domaines des énergies, la Chine va continuer à fournir de l’assistance technique aux centrales hydroélectriques Ruvyironza et Gikonge, tout en assurant la maintenance, la formation des techniciens burundais. Pour la Centrale Hydroélectrique MUGERE, mis en service depuis 1982 avec une capacité de 8 MW, la Chine va débuter une réhabilitation totale de la centrale pour la rendre moderne et efficace.
Pour des énergies propres, la Chine et le Burundi ont signé lors du FOCAC, le « Protocole d’Accord pour la mise en œuvre du Projet Solar Africa Belt (la ceinture solaire africaine) dans le cadre de coopération Sud-Sud pour lutter contre le changement climatique », qui fournira au Burundi 4 000 ensembles de systèmes photovoltaïques domestiques pour alimenter en électricité les zones et les ménages non connectés à l’électricité.
Sur le plan de la santé publique, la 23e équipe médicale composée par 29 médecins chinois continuent de travailler dans 3 hôpitaux qui se trouvent à Bujumbura, Gitega et Mpanda. L’hôpital chinois de la province du Qinghai a établi un mécanisme de jumelage avec l’hôpital de Gitega tout en fournissant des équipements obstétricaux et une formation des 7 médecins et infirmiers pour une durée de 6 mois. La province du Qinghai va envoyer des ophtalmologistes au Burundi pour une campagne d’opération des cataractes gratuitement aux personnes vulnérables.
Pour manifester la solidarité au peuple burundais dans la lutte contre les changements climatiques, le gouvernement chinois a fourni en mai 2024 une aide d’urgence d’un million de dollars aux personnes affectées par des innondations. En plus, 1 700 tonnes de riz octroyés comme aide alimentaire d’urgence ont été distribués à partir de septembre 2024. La province du Sichuan de Chine a offert 7 tonnes de semences de riz hybride aux coopératives en décembre 2024.
Quant au renforcement des capacités, jusqu’à présent environ 400 burundais ont participé en Chine aux séminaires ainsi qu’aux formations et poursuivre leurs études académiques. J’espère qu’en 2025 plus de séminaires seront organisés pour une formation plus professionnelle.
TIC-Actualité : Excellence Madame Ambassadrice, la coopération internationale dans un contexte numérique appelle à intensifier la coopération qui privilégie un cadre plus porteur d’un développement porteur d’un avenir numérique inclusif. Est-ce que la Chine adhère à cette nouvelle donne mondiale ?
ZHAO Jiangping :
Ces dernières années, le gouvernement chinois a élevé le développement de l’économie numérique au rang de stratégie nationale, promouvant que l’économie numérique soit largement intégrée dans tous les aspects de l’économie et de la société chinoises et insufflant un nouvel élan au développement de haute qualité. Dans le même temps, la Chine s’est toujours engagée à promouvoir une coopération numérique mondiale plus approfondie et plus substantielle et a proposé l’« Initiative mondiale pour la gouvernance de l’intelligence artificielle » et l’« Initiative mondiale sur la sécurité des données ».
Au niveau mondial, en septembre 2024, le Sommet de l’avenir des Nations Unies a adopté le « Pacte numérique mondial ». La Chine a participé de manière constructive à l’ensemble du processus de négociation du pacte et joué un rôle important dans son adoption. Les principes de ce pacte ont beaucoup de points communs avec les visions de l’« Initiative pour le développement mondial » et de l’« Initiative pour la civilisation mondiale » proposées par la Chine. La Chine s’en félicite et s’engage à promouvoir la gouvernance numérique mondiale avec les Nations Unies comme principal vecteur, poursuivant le principe de « concertation, synergie et partage » et travaillant avec la communauté internationale pour promouvoir la gouvernance numérique mondiale, mettre en œuvre le Pacte numérique mondial et construire une communauté d’avenir partagé dans le monde numérique.
Au niveau sino-africain, ces dernières années, la Chine et l’Afrique ont continuellement approfondi leur coopération numérique et obtenu des résultats remarquables. Les entreprises chinoises participent activement à la construction d’infrastructures numériques telles que les câbles sous-marins et terrestres, les réseaux 5G et les centres de données en Afrique, en fournissant des solutions telles que l’e-gouvernement, les transports intelligents et l’agriculture intelligente, et en augmentant les services d’investissement dans les smartphones, la technologie financière, le commerce électronique et l’Internet mobile pour permettre à davantage d’utilisateurs africains de profiter de la commodité apportée par la numérisation. En juillet 2024, le Forum sur la coopération numérique sino-africaine s’est tenu à Beijing, au cours duquel la Chine et 26 pays africains ont publié conjointement le « Plan d’action pour la coopération et le développement numériques Chine-Afrique », unissant leurs efforts pour accompagner l’Afrique à accélérer le rythme de la transformation numérique.
En septembre dernier, le sommet du FOCAC à Beijing a adopté le Plan d’action de Beijing (2025-2027). Le président Xi Jinping a annoncé que la Chine mènerait « dix actions de partenariat » avec l’Afrique au cours des trois prochaines années pour promouvoir conjointement la modernisation. Il s’agit notamment de mesures de coopération concrètes telles que la promotion de l’économie et du commerce numériques, la construction conjointe des centres de coopération sur les technologies numériques, la création d’un « Centre de coopération régionale Chine-Afrique sur l’éducation numérique », la culture des talents numériques, la construction d’infrastructures numériques et de projets de démonstration sur les infrastructures numériques ainsi que sur la transition numérique etc.
TIC-Actualité : Le Burundi s’est doté d’une vision de développement 2040-2060. La Chine aurait-elle déjà des promesses d’appui à la concrétisation de cette vision ?
ZHAO Jiangping :
Comme je l’ai mentionné dans les questions 1 et 2, la Chine et le Burundi entretiennent une amitié traditionnelle et une étroite coopération pragmatique dans divers domaines. Les deux parties appartiennent à la famille des pays en développement, ont des conceptions similaires en matière de développement socio-économique et sont déterminées à parvenir à un développement gagnant-gagnant et durable. Outre les projets de coopération susmentionnés dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de l’aide humanitaire, de la santé publique, du renforcement des capacités, les deux parties ont signé un accord sur la construction conjointe de « la Ceinture et la Route », en associant la vision de développement « 2040&2060 » du Burundi lors du sommet du FOCAC à Beijing.
Dans ce cadre, la Chine promeut par exemple l’exportation de grains de café vers la Chine et accorde un traitement tarifaire nul à 190 catégories de produits issus de 28 pays africains parmi les moins avancés, dont le Burundi. Au cours de la Table Ronde sur l’investissement, une douzaine d’entreprises chinoises sont venues y participer et ont discuté activement de projets de coopération dans les domaines de l’exploitation minière, de l’industrie semencière, des communications etc.
Quant à la numéirisation qui vous préoccupe, en août dernier, lors de la rencontre entre la ministre burundaise de la Communication et le vice-ministre chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information, les deux parties ont exprimé leurs bonnes intentions d’intensifier davantage la coopération dans le domaine de la numérisation et la communication informationnelle. À l’avenir, la Chine est disposée à maintenir la communication avec les secteurs public et privé du Burundi et à discuter conjointement de la mise en œuvre de projets concrets.
TIC-Actualité : Merci de votre Interview
ZHAO Jiangping : C’est moi qui vous remercie plutôt.