Les citoyens burundais assistent depuis quelques années au développement des services de l’argent mobile. Une diversification d’utilisation de ces services n’a fait que donner l’espoir à une nouvelle ère de développement économique des utilisateurs. Au-delà de l’achat des unités de recharge permettant les connexions, d’autres services comme le dépôt, retrait et paiements marchands se sont révélés innovateurs pour les transactions électroniques. Cependant, l’aspect le plus inconfortable pour les utilisateurs reste la couverture limitée de ces services qui freine, par conséquent, l’inclusion financière. Au moment où le développement et l’évolution des services de l’argent mobile devraient ouvrir de nouvelles perspectives aux citoyens, ceux qui ont compris l’importance de ces services se trouvent loin d’eux et se rabattent, comme hier, chez les banques, effectuant de longs trajets sans compter les dépenses qui s’en suivent.
Bien entendu, l’argent mobile reste un moteur essentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable mais son impact sera encore plus fort s’il est profitable à tous les citoyens. Depuis 2010, les premiers services de l’argent mobile se sont manifestés dans des centres de négoces comme Bujumbura, Gitega, Ngozi et ailleurs. Toutefois, ils restent limités dans certains milieux dits enclavés. Ces services restent inaccessibles par les populations rurales qui en ont pourtant besoin. Monsieur Niyokindi Jean du quartier Nyabugete en Mairie de Bujumbura s’indigne de l’absence des agents des services de l’argent mobile dans ce quartier : « Le développement des services de l’argent mobile au Burundi est crucial. C’est une solution au problème de manque de liquidité, sur soi, dans certaines circonstances. J’ai souvent des difficultés de retirer ou de déposer de l’argent parce que je ne vois pas des agents des services de l’argent mobile tout près de chez moi. Je dois me déplacer pour me confier à ces services du genre placés à plus de deux kilomètres. Vous comprenez que c’est embarrassant pour moi. Imaginez-vous quand il s’agit d’envoyer quelques « sous » pour la ration de tes parents à l’intérieur du pays, ou s’il s’agit de payer un déplacement d’un malade à l’intérieur du pays où ces services ne sont pas disponibles. Le manque de ces services impacte beaucoup sur la vie des citoyens. Les administratifs en collaboration avec les opérateurs économiques et d’autres intervenants devraient s’entendre sur une feuille de route permettant le développement des services de l’argent mobile dans notre pays. Parce que non seulement les citoyens y trouvent quelque chose, mais parce que dans l’ensemble le pays se développe.»
Le déploiement des services de l’argent mobile au Burundi devrait favoriser l’inclusion financière. C’est une occasion propice aux utilisateurs burundais qui font ou reçoivent des paiements, contractent des prêts productifs pour répondre à leurs besoins de financement. Ils ont besoin de payer les services et accéder à des produits d’épargne ou d’assurance pour se protéger contre les chocs financiers à travers un système numérique qui les aide à contourner les obstacles liés aux systèmes traditionnels vécus. Ce nouvel mode de vie devrait bénéficier d’un accent particulier de tous les intervenants concernés pour que l’argent mobile bénéficie de l’adoption des citoyens qui réalisent de lui une plus-value en termes de croissance de leurs économies.
Dans certains pays, comme le Kenya, où existent des services de l’argent mobile en activité et accessibles, les citoyens ont vu un impact positif important sur leurs conditions de vie et leurs moyens de subsistance se sont améliorés. En plus d’améliorer l’inclusion financière et l’accès à d’autres services numériques, l’adoption plus large de l’argent mobile peut générer un surcroît de produit intérieur brut (PIB) pour le Burundi.