L’inaccessibilité de la plupart des solutions numériques au Burundi malgré le déploiement des infrastructures digitales publiques et privées comme la fibre optique et d’autres installations mérite un examen diagnostique approfondi et dans un cadre de conversation sectorielle. Les coupures intempestives d’Internet et des réseaux mobiles sont en train de développer des sentiments d’incertitude, de peur et d’angoisse sur l’avenir du développement du secteur des télécommunications du Burundi.
Il s’agit d’une situation qui mérite d’être analysée dans un cadre de conversation sectorielle. Pour rappel le 19 octobre 2018 à Bujumbura, le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour l’Afrique centrale et Madagascar, Jacques Massima-Landji avait déclaré que le projet 2BDI0015 relatif à la réforme institutionnelle des TIC au Burundi lancé en 2014 arrivait à son terme.
Donc le Burundi avait été doté d’une stratégie de développement des TIC qui permettra le pays d’en faire un outil de croissance économique. Mais de par le passé le Burundi avait déjà adopté une stratégie de développement des TIC dont un diagnostic de l’UIT avait révélé d’importantes lacunes ce qui avait motivé même le lancement du projet 2BDI 0015 avec l’accompagnement de l’Agence spécialisée des Nations unies pour corriger ces manquements.
Le Burundi, à l’instar d’autres pays africains, fait partie des premiers pays qui disposent des réseaux mobiles et l’internet grâce à la libéralisation du secteur des télécommunications par le décret-loi n°01/11 du septembre 1997. A partir de 1999 le Burundi a délivré les premières licences pour l’exploitation des réseaux GSM. Les Burundais ont assisté à l’émergence de plusieurs projets et initiatives pour le développement des infrastructures des réseaux mobiles et Internet, on peut citer par exemple le projet national à fibre optique (Burundi Backbone System ou BBS), les fournisseurs d’internet comme Vietel, Onatel et Econet Leo ont été délivrés des licences d’exploitation des réseaux mobiles.
Le discours sur le développement du secteur des télécommunications d’hier et d’aujourd’hui reste le même : « le Burundi enregistre des progrès notables en matière de technologies de l’information et de la communication » Mais malgré les avancées relativement positives, le Burundi peine à se démarquer et se positionner en matière de développement des technologies de l’information et de la communication. L’inaccessibilité aux réseaux mobiles et Internet rend quasiment impossible la réalisation des projets de développement individuel en particulier et du pays en général. L’absence du pays dans la plupart de réunions sous régionale, régionale et internationale virtuelles devrait motiver la priorisation de développement du secteur des télécommunications en organisant notamment une conversation sectorielle permettant de produire des recommandations qui renseignent les hautes décisions à prendre pour sortir de cette inconfortable situation d’inaccessibilité aux réseaux mobiles et Internet.
Le discours souvent axé aux défis de manque d’énergie, de problème d’infrastructures qui ne répondent plus aux besoins actuels, aux lois obsolètes etc. devrait aussi mentionner la dimension compétences. En alignement avec la vision globale du Burundi le management des télécommunications devrait s’inspirer de la vision globale pour montrer déjà comment résoudre ce problème dans un cadre plus large à travers une conversation sectorielle.
La réussite du développement des technologies de l’information et de la communication devra absolument tenir compte de la compréhension commune de la vision, mission et objectifs à atteindre. Une identification rigoureuse des principales parties prenantes dans cette course au développement des tics est très importante. Le développement d’une feuille de route comme une boussole indiquant l’itinéraire à suivre devrait faire l’objectif à atteindre. L’allocation des ressources pour le cas présent est très importante.