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Burundi : Manque de mobilisation à l’adoption des TIC et faible pouvoir d’achat, défis majeurs à la transformation numérique

Nathan Ntahondi, spécialiste de politiques de développement des TIC et Fondateur du CBETIC

En bref ::::: In a nutshell

Une population sans capacités financières lui permettant de se procurer des terminaux comme les téléphones Android, les ordinateurs etc. qui utilisent les réseaux mobiles avancés et l’Internet prive sa localité des connectivités rapides. Les opérateurs n’investissent pas dans ces localités craignant de travailler à perte. Mais cette situation crée une confusion et déroute les investisseurs qui devraient avoir toutes les informations sur la connectivité locale. Une population non mobilisée à l'adoption des TIC impacte moins sur la transformation digitale. Suivez l’interview du Spécialiste des politiques de développement des TIC et Fondateur du CBETIC, Nathan Ntahondi au micro de TIC-Actualités, le mercredi 12 mars 2025 à Bujumbura.

TIC-Actualités : Pouvez-vous nous parler de l’importance des technologies de l’information et de la communication et leur état de développement au Burundi ?

Ntahondi Nathan (N.N) : Les technologies de l’information et de la communication ou TIC sont des outils électromagnétiques qui permettent l’émission, la transmission, et la réception des données numérisées à distance. Aujourd’hui les TIC sont à la base de développement des Nations. Le monde connaît aujourd’hui la mutation de l’économie classique à celle numérique grâce aux TIC. L’économie mondiale et les économies locales sont de plus en plus digitalisées : les services des gouvernements à leurs citoyens, les services commerciaux, les marchés pour les produits de tout genre, s’obtiennent de plus en plus à travers la toile. Les outils qui facilitent cet accès sont les technologies de l’information et de la communication et l’Internet. Dans cette économie mondiale et locale digitalisées, le Burundi en est à ses premiers pas. Les enjeux en matière de développement économique et social ne laissent de choix au Burundi que d’accélérer son avancée vers une économie digitale. La volonté est présente mais les défis sont immenses.

TIC-Actualités : Comment appréciez-vous le progrès de la transformation digitale à travers la fiabilité des réseaux mobiles et Internet au Burundi ?

N.N. : Oui la transformation numérique en cours au Burundi gagne le terrain malgré certaines imperfections qui nécessitent encore des efforts dans l’apport de solution globale multidimensionnel. Le Burundi a déjà consenti ses efforts pour la connectivité mobile. Celle-ci est essentielle non seulement pour les communications personnelles mais aussi pour des applications avancées utilisées par les entreprises comme les banques et d’autres. Comprenez aussi que la connectivité téléphonique englobe plusieurs aspects allant de la capacité du téléphone de l’individu à se connecter à différents réseaux ( 2G, 3G, 4G, 5G) à la possibilité même de synchroniser son téléphone avec d’autres dispositifs via des technologies Wi-Fi, Bluetooth, GPS etc.

Les mêmes efforts ont été consentis pour assurer la couverture nationale en Internet à travers l’utilisation de la technologie Fibre optique qui permet l’accès à l’Internet. La disponibilité de l’Internet au Burundi être une réalité. Cette vérité est prouvée par les données statistiques fournies par le régulateur burundais des télécommunications. Deux opérateurs Vietel et Burundi Backbone System (BBS) sont les principaux fournisseurs de l’Internet au pays. Le premier opérateur couvrirait en Internet toutes les communes du pays, tandis que le second en couvrirait toutes les provinces. Les villes de Bujumbura et Gitega bénéficieraient de l’Internet grâce aux projet MAN de l’ONATEL.

Cependant, la connectivité en Internet et en téléphonie mobile reste une problématique dans plusieurs localités du pays. Cela s’explique par le manque de consommateurs qui bloque les vendeurs des technologies permettant la connectivité de les rendre disponibles dans ces localités. Retenez qu’une population sans capacités financières lui permettant de se procurer des terminaux comme les téléphones Android, les ordinateurs etc. qui utilisent les réseaux mobiles avancés et l’Internet prive sa localité des connectivités rapides de tout genre. Cette situation crée une confusion et déroute les investisseurs qui devraient avoir toutes les informations sur la connectivité locale. Le manque d’énergie est aussi un facteur qui influence sur le fonctionnement des équipements et infrastructures à la base de fonctionnement des réseaux mobile et internet.

Pour pallier à ce genre de problèmes, les opérateurs en téléphonie mobile et les fournisseurs des réseaux mobiles devraient mettre à la disposition des utilisateurs des TIC leurs cartes de couverture avec précision de leur réseaux (2G, 3G, 4G, 5G). Ces cartes permettent aux citoyens de savoir quel opérateur qui propose le meilleur réseau mobile dans le lieu qui intéresse son client. Il faut mettre en ligne les cartes de déploiement pour permettre aux utilisateurs de choisir librement les réseaux qu’ils veulent utiliser (3G, 4G, 5G).  Mais je crois qu’à ce sujet, une solution a été trouvée. Dans un communiqué rendu public le mardi 4 février de cette année, le régulateur burundais a informé le public souhaitant mieux comprendre la couverture et la qualité de services des réseaux mobiles au Burundi qu’une plateforme innovante DQoS ARCT est disponible. Donc les utilisateurs ont cette possibilité de connaître la couverture et la qualité des réseaux mobiles.

Toutefois, le régulateur des télécommunications devrait exiger aux opérateurs le développement de leurs infrastructures dans des zones prioritaires. Il devrait s’assurer de l’état des infrastructures en termes d’appropriation et de nombre, bref les parties aux contrats ont l’obligation de s’assurer du respect des clauses des contrats qu’elles ont signées.

Pour clôturer cette question, j’invite le leadership burundais en charge des télécommunications à chercher chaque fois à comprendre les tendances émergentes et les innovations transformatives qu’il faut pour notre pays à travers des discussions inclusives pour façonner l’avenir de notre économie numérique. Les citoyens burundais n’ont pas eu des messages de sensibilisation sur l’utilisation rationnelle des TIC pour leur adoption. Il faut des activités éducatives aux TIC dans le cadre de la mise en œuvre de la politique sectorielle élaborée. Il faut organiser des activités d’envergure avec des messages autoritaires qui impactent la société burundaise en matière des TIC. Il faut entreprendre une éducation de masse populaire à l’adoption des TIC.

TIC-Actualités : Quels sont les outils nécessaires pour s’assurer du développement des télécommunications ?

N.N. : La volonté politique est la base de tout. La mise en place des cadres institutionnels et réglementaires suit et viendra ensuite l’élaboration de la politique sectorielle des TIC. Le développement de la politique sectorielle des TIC est comprise comme une orientation stratégique que tout gouvernement décide de mettre en œuvre pour développer l’utilisation des TIC visant à assurer le développement économique et social. L’établissement de la politique sectorielle des TIC nécessite l’implication de toutes les parties prenantes (opérateurs, fournisseurs de services, société civile, représentants des consommateurs et usagers) par une démarche participative et une concertation effective.

A partir de cette politique sectorielle stratégique découlent alors des plans d’action stratégiques qui définissent la vision, la mission et les objectifs à atteindre pour chaque entité. En plus, il faut définir les partenaires clés. Il faut développer une feuille de route qui se compare à une boussole. Il faut penser aussi à la fondation solide qui repose sur des pierres angulaires bien choisies avec des références qui ne trompent pas. Il faut penser à l’allocation des ressources humaines où les compétences doivent être mises en avant. La définition des indicateurs d’évaluation est aussi déterminante. Après l’exécution des plans d’action stratégiques, il faut chaque fois faire une évaluation. C’est vraiment cela le schéma à suivre.

TIC-Actualités : Je vous remercie

N.N. : C’est moi qui vous remercie plutôt.